Roger Frey, l'histoire d'une vie

Ca commençait moyen, avec une scolarité correcte au collège Saint François Régis de Montpellier, mais une jeunesse houleuse et turbulente, partagée entre ses grands parents et sa mère, juste divorcée d'un papa militaire. Lors du décès de son grand père, Roger a 11 ans, s'embarque dans une adolescence particulièrement expérimentale sur bien des points. Le plus marquant sera sans doute la falsification d'une feuille d'engagement sous les drapeaux en période de guerre, alors qu'il n'a que 15 ans. Il rejoindra alors son père en Alsace, sur le front en deuxième position et à 300 mètres des allemands, fusil en main forêt de la Hart.
Goût de l'aventure ou envie de retrouver son père ? Sans doute un peu des deux.
L'expérience dura un bon semestre avant que Roger ne revienne à Montpellier. Il y poursuivra sa scolarité en élève libre jusqu'à la première partie de son bac avant de nouvelles aventures. Attiré depuis quelques années par la littérature, la poésie et le théâtre, il assouvira une partie de ses passions en devenant choriste d'une troupe d'opérette, sillonnant l'Hérault et le Gard pendant plusieurs années. Ensuite, cap sur Paris et les cours de René Simon. Sur le boulevard des Invalides, Roger apprend l'art dramatique en compagnie de 300 élèves, dont Pierre Mondy et Robert Hossein. Complètement fauché, il arrêtera au bout de deux ans, la galère lui imposant de devenir maçon, manœuvre ou manutentionnaire.


Auto-stop, poèmes et premiers papiers
Malgré son proche passé, il s'engagera ensuite pour 18 mois dans l'armée française, restant discret sur son escapade alsacienne. A Marseille, c'est en le voyant lire Freud dans une salle d'attente de la caserne qu'un officier lui proposa de devenir son secrétaire ; une passion pour la lecture qui lui vaudra bien des privilèges. A la sortie de l'armée, le voilà partie en auto- stop pour la Scandinavie via l'Allemagne, le Danemark et la Suède, fief d'une ex petite amie. Cinq mois durant, Roger baroudera sans un rond, au jour le jour, hébergé chez l'habitant.
A son retour en France, une grève générale mobilise le pays. Economie et industrie en berne, il atterrira rue Mouffetard à Paris, dans un hôtel sordide où il retrouvera des copains d'enfance devenus musiciens de jazz. Il fera alors des lectures de poèmes dans des cabarets et arpentera les clubs jusqu'à ce qu'un premier job sérieux s'offre à lui. Il rencontre Monique, l'épouse en 1954 et devient jeune papa d'une petite fille prénommée Marianne qui héritera de son père le goût de l'écriture, des arts et d'un certain esprit bohème, il se mettra à écrire des nouvelles pour différents magazines féminins, laissant aller sa plume dans les pages d'Eve, Atout Coeur ou Aujourd'hui Madame.
Quasi simultanément il devient enquêteur pour l'IFOP, l'Institut Français de l'Opinion Publique, demandant tout et n'importe quoi à n'importe qui.
Mais lorsqu'il rentrera dans les entrailles des Galeries Lafayette, BHV, Printemps et autre Samaritaine, c'est pour réaliser des sujets sur la vie intime des grands magasins, missionné par l'hebdomadaire national “la presse magazine”.

Une collaboration qui durera cinq ans, agrémentée de nombreux papiers sportifs et de piges pour “La Liberté de Seine et Marne”, au sud est de Paris.

Le Golf Drouot, les magazines, les vedettes et la dèche
Un beau jour de 1961 et carte de presse désormais en main, Roger propose l'interview d'un jeune premier à l'hebdomadaire. Le succès de l'entretien avec Johnny Hallyday lui permettra de créer la page “nouvelle vague” dans “La Presse Magazine”. Chaque vendredi, la France entière pouvait vivre les yéyés à travers les papiers de Roger.

Epicurien malgré lui
Pilier du lieu, il organisera l'élection de Miss Twist et créera les “tremplins du Golf Drouot” alors que sa direction lui offre deux pages “nouvelle vague” et une secrétaire. S'enchaîneront alors émissions de radio sur RMC, collaborations médiatiques et multiples, ou tâches rédactionnelles diverses, comme répondre au courrier du fan club de Richard Anthony ! Une vie d'artiste évidemment dissolue qui l'amènera également à présenter la tournée du Golf Drouot, sillonnant les plages avec Albert Raisner.

Lorsque “La Presse Magazine” disparaît, il importe alors sa rubrique à l'hebdo “Ciné Monde”. La mauvaise ambiance au journal et la bougeotte lui feront mettre le cap sur Hyères pour une toute autre mission ; relancer le club “la Brantome” en compagnie de Charlie Leroy. Ce fût chose faite, et peu de temps après, voici Roger à la direction du “Cintra club”, le rendez vous des vedettes à deux pas de l'Olympia, où pendant deux ans il recevra plus ou moins régulièrement Antoine, Tom Jones, Stone et Charden ou James Brown.
Il a ensuite l'opportunité de monter un restaurant dans le parc Astérix de Nice.


Les quotidiens, les aventures et le Cap
Fort de ses expériences et témoin du succès que remporte “l'Argus de la Presse” auprès des professionnels, il créé “l'Argus de la Radio”, bonne idée suscitant l'intérêt, mais les événements de mai 68 auront raison de son nouveau métier. Avec son ami Jean Bélanger il va créer un journal "Hit parade" un journal dédier à la musique, il travaillera également comme redac en chef adjoint du journal EXTRA avec Gerard Baker.
Un rédacteur en chef providentiel du “Parisien Libéré” lui proposera une place de reporter pour le quotidien “Normandie matin”. Banco, voilà Roger en 2cv parcourir les rues de Rouen pour remplir ses colonnes et prendre les photos. Il deviendra rapidement chef de la locale mais se préfèrera finalement reporter free lance, notamment en Scandinavie !
En 1973, Il divorce de sa première femme Monique. Après la naissance de Sébastien, un deuxième mariage en 1974 avec Laurence. Roger créera un catalogue d'artistes aux éditions Chapell Music, aujourd'hui Warner. Attaché de presse indépendant, il s'occupait de Martin Circus, Démis Roussos ou Ange, puis fût salarié chez BASF une boite allemande installée pont de Neuilly.
Mais Roger en aura marre de Paris, saisissant la possibilité de gérer un studio d'enregistrement à Antibes. L'année où Mélanie vient au monde, on lui propose de faire une saison aux informations générales de Midi Libre à Montpellier. Il enchaînera avec une autre saison d'été à la Grande Motte avant d'arriver à Agde via son Cap. Midi Libre venait de racheter le journal “Hérault Tribune”, créé par Gérard Denestebe
Roger s'occupera des deux pendant la saison et prendra la direction de l'agence agathoise dés sa création. L'hiver dans un petit local rue Brescou au centre ville d'Agde et l'été sur les quais du Cap, "place de l'arbre - Gérard Denestebe" et ce pendant prés de 20 ans. L'heure de la retraite sonnée, une dernière escapade en Afrique, au Sénégal, l'envie d’écrire ne le quittera jamais, il se posera au Cap dans sa maison sur la colline.

Merci à Hérault tribune, à Didier.

Il publiera ses premiers recueils de poésies :
*"Couleurs" en 1953 et "Partage" en 1954
*Nouvelle: Shima la petite bonne 2
001
*Livre : Les Récupérables 2002*Livre: L'amour extrême 2012

Il nous laisse un dernier manuscrit à publier " C'était hier ou je fus poète "

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