C'était un matin d'hiver ordinaire. Cela devait arriver, les chevaux sont descendus du ciel. Leur galop silencieux faisait frissonner les nues et soudainement l'encolure et le poitrail d'un destrier gris surgirent des nuages. C'était leur chef et nul cavalier ne le montait. En bas, dans la plaine, les arbres attendaient. Ils étaient des centaines de milliers, ceux d'Amazonie, les Canadiens, les Africains, les Australiens, leurs frères Européens. Tous là. Et même leurs anciens et même leurs blessés, les éclopés, les élagués, les tronçonnés. Tous là, silencieux, attentifs. Leur guide, un vieux chêne, à la voix sourde s'entretint avec le destrier gris, ses ramures s'inclinèrent légèrement, signe d'aquiescement sans doute et tous arbres et chevaux dans un ensemble parfait s'élevèrent doucement, irrésistiblement et s'envolèrent en direction des nues.

Sur terre restait du sable, du platre, de la poussière, tapissés de feuilles mortes, des bras et des jambes s'agitaient, frénétiques. L'humanité faisait ses bagages. A l'horizon les lames bleues de l'océan apparurent. Elles avancaient à la vitesse d'un cheval au galop.

L'apocalypse murmura un vieil homme. Il m'a semblé ce faisant qu'il riait, à moins qu'il ne pleurait. Je me suis assis à ses côtés et nous avons attendu. Pas trés longtemps.

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